Les procédés photographiques anciens, beauté et héritage d'art perdu

Les procédés photographiques anciens, beauté et héritage d'art perdu

237 votes : 4.3

La photographie, à la croisée de l'art et de la science, a profondément transformé notre façon de capturer et de comprendre le monde qui nous entoure. Ce médium, désormais omniprésent dans notre quotidien, puise ses racines dans des techniques anciennes qui ont ouvert la voie à ce que nous connaissons aujourd'hui.

Les procédés photographiques anciens ne sont pas de simples jalons techniques. Ils témoignent d'une époque où chaque image était le fruit d'un savant mariage entre expérimentations scientifiques, contraintes matérielles et vision artistique.

Ces créations, souvent uniques, incarnent également l'ingéniosité et la sensibilité des artistes et des techniciens qui les ont conçus. Plonger dans ces techniques revient à redécouvrir un patrimoine visuel inestimable et à comprendre comment l'innovation d'hier a façonné l'art de l'image de demain.

procédés photographiques anciens


​Le daguerréotype, une révolution visuelle

Inventé en 1839 par Nicéphore Niépce et Louis Daguerre, le daguerréotype marque une étape révolutionnaire dans l'histoire de la photographie.

Ce procédé repose sur l'utilisation de plaques de cuivre argentées et polies pour servir de surface réceptive à l'image. Sensibilisées à la lumière grâce à l'iode, ces plaques étaient placées dans une chambre noire où elles étaient exposées à une scène pendant plusieurs minutes.

Une fois l'exposition terminée, l'image latente était révélée en soumettant les plaques à des vapeurs de mercure, un procédé permettant de rendre l'image visible. Enfin, un bain dans une solution saline ou de thiosulfate permettait de fixer l'image en restant son effacement.

Le daguerréotype fut la première méthode photographique reconnue, capable de produire des images permanentes et d'une grande précision. Chaque cliché était unique, avec des reflets métalliques subtils qui lui conféraient une esthétique singulière.

Cet art novateur permet non seulement d'ancrer la photographie comme outil de documentation et de créativité artistique, mais marque aussi le début d'une nouvelle manière de voir et d'immortaliser le monde.
​​​

procédé-daguerréotype
Le procédé daguerréotype © Pixfan

Le calotype, le début de la reproductibilité

Inventé en 1841 par William Henry Fox Talbot, le calotype (du grec "kalos" signifiant "beau" et "typos" signifiant "impression") a marqué une avancée majeure en photographie.

Son principe repose sur la création d'un papier négatif, une innovation révolutionnaire pour l'époque. La procédure commence par la sensibilisation d'une feuille de papier avec une solution de nitrate d'argent et d'acide gallique. Ce papier, placé dans une chambre noire, est exposé à la lumière pour capturer l'image latente.

Celle-ci est ensuite révélée grâce à un développement chimique, produisant un négatif qui peut servir à générer plusieurs impressions positives par simple tirage contact. Comparé au daguerréotype, le calotype offre des avantages notables : plus léger, plus facilement transportable et surtout reproductible, puisqu'il permettait de produire plusieurs copies d'une seule image.

Les photographies résultantes présentaient un rendu doux et légèrement flou, conférant un effet poétique qui séduisait de nombreux artistes. Ce procédé a non seulement ouvert de nouvelles perspectives esthétiques, mais a également jeté les bases du système négatif-positif qui demeure essentiel dans la photographie argentique moderne.

le calotype
Le procédé calotype © Musée des beaux-arts du Canada

Le collodion humide, entre art et rapidité

Le procédé du collodion humide, mis au point entre 1850 et 1851 par Gustave Le Gray et Frédéric Scott Archer, est l'une des techniques photographiques les plus exigeantes mais aussi les plus remarquables de son époque.

Ce procédé nécessitait l'utilisation de plaques de verre enduites de collodion, une solution visqueuse mêlée à des sels d'argent. Ces plaques, sensibilisées à la lumière, devaient être préparées, exposées dans une chambre noire et développées immédiatement, avant que le collodion ne sèche.

L'un des points forts du collodion humide résidait dans sa capacité à produire des images d'une netteté et d'une richesse de détails inégalées, capturant avec précision les textures et les nuances subtiles des sujets.

Cependant, cette méthode exigeait un équipement lourd, incluant la nécessité d'une chambre noire portable, ainsi qu'une grande habileté technique d'équipement pour éviter les erreurs durant les différentes étapes du processus. L'esthétique des photographies obtenues avait un charme incomparable, avec des tonnes de richesses et des détails cristallins qui séduisaient les amateurs et les artistes.

Néanmoins, cette complexité entrava son utilisation pratique, et le collodion humide fini par être supplanté à partir des années 1880 par les plaques sèches, beaucoup plus simples d'emploi et permettant une plus grande liberté aux photographes.

le-collodion-humide
Le procédé Collodion humide © Wecandoo

Le cyanotype, une explosion de bleu

L'histoire du procédé cyanotype

Inventé en 1842 par le scientifique et astronome anglais John Frederick William Herschel, le cyanotype est un procédé photographique monochrome négatif simple, mais fascinant.

Sa technique repose sur la sensibilisation d'un support, comme du papier ou du tissu, avec une solution de citrate d'ammonium ferrique et de ferricyanure de potassium. Une fois ce support préparé, il est exposé à la lumière ultraviolette, souvent en plein soleil, à travers un objet ou un négatif.

L'exposition UV provoque une réaction chimique qui, après un rinçage à l'eau pour éliminer les résidus non fixés, révèle une image en bleu de Prusse, un bleu cyan profond et caractéristique.

Anne Atkins, reconnue comme la première femme photographe, a joué un rôle clé dans la reconnaissance artistique du cyanotype en l'utilisant pour créer des impressions botaniques d'une précision et d'une délicatesse remarquables. Son ouvrage documentant les plantes marines est aujourd'hui reconnu comme le premier livre photographique illustré.

Ce procédé, apprécié pour sa simplicité, son faible coût et son rendu visuel singulier, a trouvé des applications tant pratiques que créatives. Le bleu monochrome intense des cyanotypes confère aux images une esthétique unique, mêlant science et poésie, séduisant encore de nombreux artistes contemporains.

procédé cyanotype réalisé par Amélie Berthou
Le procédé cyanotype  © EDAA Pix 


L'école EDAA Pix propose un tutoriel sur le procédé cyanotype

En intégrant la formation en ligne de photographie proposée par l'école edaa pix, vous accédez à des contenus exclusifs, dont un tutoriel passionnant.

Ce tutoriel vous plonge dans l'univers fascinant du cyanotype, un procédé photographique historique. On vous guide pas à pas, en expliquant les étapes nécessaires pour maîtriser cette technique unique et obtenir des créations visuelles étonnantes. Une opportunité idéale pour enrichir vos compétences et explorer votre créativité !​

Tuto comment réaliser le procédé cyanotype
Tutoriel sur le procédé cyanotype © Edaa pix

L’héritage d’autres procédés méconnus

Au-delà des procédés célèbres comme le daguerréotype ou le cyanotype, d'autres techniques méconnues telles que l'ambrotype, le ferrotype et la gomme bichromatée témoignent de la richesse et de l'innovation dans l'histoire de la photographie. Ces procédés uniques, chacun avec leurs caractéristiques techniques et esthétiques distinctives, ont joué un rôle essentiel dans l'évolution de cet art visuel.

L’ambrotype, la révolution photographique sur verre

Breveté en 1854 par James Ambrose Cutting et Isaac Rehn, l'ambrotype est un procédé photographique qui produit une image positive unique sur une plaque de verre.

Son fonctionnement repose sur l'application d'une couche de collodion sensibilisée sur du verre, suivie d'une exposition à la lumière à travers une chambre photographique. Une fois exposée, la plaque est développée, puis fixée, révélant une image brillante et détaillée lorsqu'elle est placée sur un fond sombre.

Par rapport au daguerréotype, l'ambrotype offre des avantages significatifs : les images peuvent être obtenues beaucoup plus rapidement, en seulement 2 à 4 secondes d'exposition, et à un coût nettement inférieur, ce qui les rendait plus accessibles au grand public.

En outre, l'esthétique des ambrotypes, avec leurs contrastes doux et leur rendu tactile, leur conférait un charme distinct. Très populaire au milieu du XIXe siècle, ce procédé a marqué un tournant dans la démocratisation de la photographie et a ouvert de nouvelles possibilités pour capturer des souvenirs visuels à moindre coût.

Le procédé ambrotype
Le procédé ambrotype © Bernieshoot


Le ferrotype, la photographie accessible et instantanée

Mise au point en 1852 par Adolphe Alexandre Martin, le ferrotype, également appelé mélainotype, est une technique photographique qui a marqué son époque par sa simplicité et son accessibilité.

Ce procédé repose sur l'utilisation d'une plaque de métal, souvent en fer, recouverte d'une couche de laque noire pour créer un fond. La plaque est ensuite appliquée de collodion sensibilisé avec des sels d'argent, exposée à la lumière dans une chambre photographique, puis développée rapidement pour faire apparaître une image positive directe.

L'un des principaux atouts du ferrotype résidait dans son faible coût : les matériaux utilisés étaient économiques, et la rapidité d'exécution du procédé rendait idéal pour les besoins immédiats. En outre, la robustesse des plaques produites en faisait un support durable.

Très populaire pour les portraits à la fin du XIXe siècle, le ferrotype a joué un rôle clé dans la démocratisation de la photographie, permettant à un large public d'accéder aux plaisirs de l'image, à une époque où les souvenirs visuels devenaient de plus en plus précieux.

Le procédé ferrotype
Le procédé ferrotype © Musée des beaux-arts du Canada


La gomme bichromatée, l’art au service de la photographie créative

Inventée au milieu du XIXe siècle, la gomme bichromatée est un procédé photographique non argentique qui se distingue par son caractère artisanal et son potentiel créatif.

Elle repose sur un mélange de gomme arabique, de bichromate de potassium et de pigments, appliqué sur un support tel que du papier. Sous l'effet de la lumière UV, les zones exposées se durcissent et adhèrent au support, tandis que les parties non exposées peuvent être éliminées par un simple rinçage à l'eau, révélant ainsi l'image.

Utilisée principalement dans des contextes artistiques, la gomme bichromatée permettait aux photographes de composer des images uniques, mêlant textures et couleurs selon leurs envies.

Cette technique offre une liberté inédite pour expérimenter et explorer les possibilités plastiques de la photographie, marquant une rupture avec les procédés purement mécaniques centrés sur la reproduction fidèle de la réalité.​

La gomme bichromatée
Le procédé de la gomme bichromatée © Wikipédia

Artistes d'aujourd'hui, gardiens des procédés photographiques anciens

Certains artistes contemporains souhaitent préserver les procédés photographiques anciens en les intégrant dans leurs créations.

Sally Mann, par exemple, utilise le collodion humide, un procédé du XIXe siècle, pour capturer des portraits et des paysages empreints de profondeur et d'émotion. Diana Bloomfield, quant à elle, s'est spécialisée dans le procédé de gomme bichromatée, qui offre des rendus uniques mêlant texture et nuance.

Annette Golaz innove avec des cyanotypes tricolores, combinant cette technique historique à des explorations stylistiques modernes. De son côté, Jill Enfield pratique et enseigne diverses techniques comme le cyanotype et le tirage sur platine, inspirant de nombreux adeptes à travers le monde.

Ces artistes, et bien d'autres encore, insufflent une nouvelle vie à ces méthodes historiques en les adaptant à des visions contemporaines, tout en honorant leur riche héritage artisanal.


​Les procédés photographiques anciens témoignent d'une époque fascinante où la créativité et l'innovation technique ont posé les fondements de la photographie moderne.

Ces techniques, alliant savoir-faire et sens artistique, continuent d'inspirer les créateurs d'aujourd'hui, en quête de textures, de nuances et d'expressions uniques.

Si ces découvertes vous passionnent et que vous souhaitez explorer plus en profondeur l'univers des procédés anciens et de la photographie contemporaine, l'école edaa pix propose une formation en ligne spécialisée en photographie qui saura nourrir votre curiosité et développer votre talent. Une belle occasion d'allier théorie et pratique pour faire de votre passion une véritable expertise.

Retour haut de page
Demande d'infos
DOCUMENTATION SUR LA FORMATION PHOTOGRAPHE
Trouvez votre formation pour devenir photographe et obtenez des renseignements en complétant les champs suivants :
* Informations obligatoires

Utilisation des données personnelles

En validant ce formulaire, vous acceptez que vos données personnelles soient utilisées par le GIE EDUNEO (responsable du traitement) et ses membres ou partenaires pour vous contacter par mail et/ou téléphone afin de vous transmettre des propositions commerciales sur les formations de votre choix. Pour en savoir plus sur la gestion de vos données personnelles et exercer vos droits, consultez cette page.
Demande d'infos